L‘arrivée sur le marché des lecteurs de glycémie dans les années 1980 a permis d’améliorer considérablement la prise en charge des patients diabétiques. Le contrôle régulier de la glycémie capillaire (autosurveillance) est un élément essentiel du traitement du diabète.
Le DCCT (Diabetes Control and Complications Trial, étude menée aux Etats-Unis) a confirmé les bénéfices de l’autosurveillance et de l’autocontrôle (adaptation des doses d’insuline en fonction des résultats) quand ils étaient pratiqués de manière fréquente pour prévenir et corriger au mieux les mouvements de la glycémie. L’obtention d’une glycémie moyenne proche de la normale est en effet le gage d’une protection vis-à-vis des conséquences du diabète, en particulier au niveau des yeux, des reins et des nerfs. Afin d’améliorer l’équilibre glycémique, l’autosurveillance doit être précise, rapide, facile et pratique d’utilisation.
La plupart des lecteurs ont fait la preuve de leur efficacité dans des études de laboratoire réalisées par des professionnels de santé, dans des conditions d’environnement contrôlées. En pratique quotidienne toutefois, on peut penser que la précision diminue lorsque ces appareils sont utilisés par les patients diabétiques. Aux USA, la FDA (Food and Drug Administration) a estimé que 3/4 des erreurs étaient dues à la manipulation. Le problème principal n’est pas en effet un mauvais fonctionnement du lecteur, mais la conception et les caractéristiques de la machine qui laissent trop de place à une utilisation incorrecte.
Un résultat non fiable peut être à l’origine de modifications ou décisions thérapeutiques inappropriées. Une erreur peut notamment avoir des conséquences dans la zone comprise entre 0,40 et 0,80 g/l sur la gestion des hypoglycémies.
Les premiers lecteurs, certains se souviennent du Dextrometer, fonctionnaient à l’aide d’un transformateur avec des bandelettes qu’il fallait rincer et sécher. Depuis les progrès ont été considérables, allant dans le sens d’une miniaturisation, d’une simplification de la manipulation (suppression du chronométrage, de l’essuyage; nécessité d’une goutte de sang de plus en plus petite...). Les lecteurs ont une plus grande rapidité, une sécurité plus importante (messages d’erreurs, suppression pour certains du contact entre le sang et l’appareil...). Chacune de ces améliorations a accru la fiabilité de ces appareils. Les technologies ont également évolué, utilisant un système optique qui détecte le changement de couleur de la bandelette réactive ou bien des biosensors basés sur le courant électrique généré par la réaction avec le glucose.
Tous les lecteurs de glycémie actuellement mis sur le marché satisfont à un certain nombre d’exigences et de contrôles, en particulier sous forme d’études cliniques à grande échelle en comparant les résultats avec les données du laboratoire.
Toutefois on peut regretter avec l’Alfediam (Association professionnelle des diabétologues) «qu’il n’existe pas en France de structure homologuant ou non les appareils avec autorisation de mise sur le marché suivant un cahier des charges précis».
De plus, le marquage CE est rendu obligatoire pour tout appareil vendu en France à partir du 14 juin 1998. Cette indication est une autodéclaration de conformité à un cahier des charges que s’est imposé le constructeur. L’autosurveillance est largement répandue parmi les diabétiques insulino-dépendants, mais est également de plus en plus fréquemment recommandée par les diabétologues dans le diabète non insulino-dépendant, le diabète dit gras de l’adulte, de loin le plus fréquent. La glycémie va remplacer ici l’absence de symptôme et permettre au diabétique de mieux appréhender sa maladie.
De fait, les indications de l’auto- surveillance augmentent (cf. encadré 1), à l’origine d’un coût non négligeable, même si le prix de vente des lecteurs a notablement diminué en 10 ans. Il importe donc que ces résultats soient fiables.
Quelles sont les erreurs susceptibles d’interférer sur le résultat de la glycémie ?
On peut les classer en plusieurs catégories: celles en rapport avec le lecteur et ses conditions d’utilisation; celles en rapport avec la manipulation des bandelettes; celles en rapport avec la piqûre du doigt et celles à rattacher à la goutte de sang.
En pratique quotidienne, quelles sont les erreurs les plus fréquentes ?
- fenêtre de lecture sale;
- application de sang insuffisante ou inappropriée sur la bandelette ou l’électrode;
- fenêtre de lecture rayée; appareil non étalonné ou non calibré;
- erreurs dans le minutage pour les lecteurs qui utilisent un chronomètre.
Comment s’assurer de résultats fiables avec le lecteur ?
Ce qu’il est inutile de faire:
- contrôler sur un autre doigt;
- contrôler sur l’autre main;
- comparer avec le résultat d’un ancien lecteur que l’on a gardé;
- comparer avec un résultat de laboratoire, alors que le test n’a pas été effectué au même moment;
- comparer avec le résultat du laboratoire sans tenir compte qu’il s’agit de sang veineux (la majorité des appareils utilise uniquement le sang capillaire et le résultat est d’environ 15 % inférieur);
- renouveler le test sans s’être assuré d’éliminer les causes d’erreurs possibles.
Ce qu’il faut faire:
- apprendre à se servir correctement du lecteur: choisir un appareil qui vous convient, vous faire expliquer son fonctionnement, le tester soi-même à plusieurs reprises en présence d’une infirmière ou d’un professionnel qui connaît bien ces machines. Dans beaucoup de services de diabétologie, existent des consultations infirmières susceptibles de vous renseigner et vous montrer les «derniers» lecteurs;
- respecter les conditions d’utilisation;
- contrôler régulièrement le lecteur: bandelette ou électrode test, solutions de contrôle...;
- l’Alfediam suggère: « que 2 fois par an au minimum, chaque patient mesure sa glycémie capillaire au doigt au même moment que le prélèvement veineux avec mesure de la glycémie effectuée par une méthode de référence dans un laboratoire qualifié. L’objectif d’exactitude est de plus ou moins 10% de différence»;
- une autre possibilité est maintenant offerte avec l’Hemocue, un analyseur de glucose qui équipe déjà un certain nombre de services de diabétologie. Il permet de réaliser un contrôle en consultation avec un bon degré de précision, à l’aide d’une goutte de sang capillaire. On peut avec cette technique tolérer également une différence de plus ou moins 10%.
En attendant les futurs lecteurs qui n’exigeront plus de sang et donc plus de piqûre (f), quelles sont les qualités d’un lecteur idéal ?
- petit, agréable, utilisable par tous, quelle que soit sa position;
- calibrage instantané à chaque nouveau flacon de bandelettes ou électrodes;
- aucun risque de faux résultats par salissures;
- aucun entretien nécessaire;
- démarrage automatique du test;
- contrôle continu du dosage;
- utilisation de sang veineux ou capillaire;
- messages de Sécurité (quantité insuffisante de sang...);
- mémoire avec possibilité de connexion sur ordinateur;
- aucun contact du sang avec l’appareil.
Beaucoup des appareils actuellement commercialisés satisfont à une bonne partie de ces critères.
Alors oui, mon lecteur est fiable... si...
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